Qu’est-ce que le traumatisme de trahison ?
Le traumatisme de trahison se produit lorsque les personnes ou les institutions dont dépend la survie d’une personne violent de manière significative la confiance ou le bien-être de cette personne.
Les abus dans l’enfance sont l’une des causes les plus courantes de traumatisme de trahison familiale. Il peut s’agir d’abus physiques, d’abus sexuels ou d’abus émotionnels.
Dans les traumatismes de trahison de l’enfance, la confiance de l’enfant est profondément violée, souvent par ceux dont il dépend pour sa survie et son bien-être, comme ses parents ou les personnes qui s’occupent de lui.
Le traumatisme de la trahison chez l’enfant est particulièrement insidieux parce qu’il implique une violation de la confiance au moment où l’enfant développe sa compréhension du monde et de la place qu’il y occupe.
Cette violation crée un conflit important pour l’enfant.
D’une part, il est confronté à la dure réalité de la trahison ; d’autre part, il a un besoin inhérent de maintenir une relation avec le traître en raison de sa dépendance à son égard.
La complexité de cette situation est encore amplifiée par le fait que l’enfant, malgré la trahison, doit continuer à se comporter de manière à favoriser l’attachement à la personne qui s’occupe de lui, car le fait de s’éloigner de la personne qui s’occupe de lui pourrait constituer une menace supplémentaire pour sa vie, tant sur le plan physique que mental.1
Théorie de la trahison et du traumatisme
La théorie du traumatisme de trahison est un cadre psychologique développé par Jennifer J. Freyd dans les années 1990. Elle suggère qu’il est socialement utile d’ignorer les abus lorsque l’auteur de l’abus est ce dont la victime dépend.2
L’essence du traumatisme de trahison réside dans la nécessité de survivre grâce à la relation avec l’agresseur.
Une victime – enfant ou adulte – qui est pleinement consciente de ces abus est plus susceptible de se retirer ou de confronter l’agresseur, mettant ainsi en danger une relation vitale pour sa survie. En conséquence, elle peut inconsciemment choisir de ne pas percevoir ou de ne pas se souvenir d’un tel événement comme traumatisant pour éviter un conflit mental intense.
Dans le contexte des enfants en particulier, cette théorie suggère un mécanisme de réponse adaptative qui préserve leur bien-être.
Les personnes victimes d’abus pendant l’enfance ne traitent souvent pas ces expériences négatives comme des traumatismes, ne s’en souviennent pas ou ne s’en souviennent pas du tout parce que le fait de reconnaître ce préjudice mettrait en danger leur survie – étant donné leur dépendance à l’égard de ces mêmes personnes qui s’occupent d’eux.
Par conséquent, il peut y avoir un effort subconscient ou inconscient pour bloquer, minimiser ou isoler l’information sur l’abus des parties du cerveau qui contrôlent l’attachement et le comportement social. Il en résulte des troubles de la mémoire et des expériences dissociatives.
Cette adaptation mentale a également des implications qui s’étendent à l’âge adulte. Elle permet d’expliquer pourquoi certaines personnes ne se souviennent pas d’événements traumatisants ou ne comprennent pas l’ampleur de leur traumatisme jusqu’à un âge avancé.
Cette théorie fournit également un cadre pour comprendre la dynamique complexe de la confiance, de la dépendance et de la trahison par les partenaires romantiques dans les relations abusives.
Traumatisme avec ou sans trahison
Le traumatisme de trahison se produit lorsque quelqu’un sur qui une personne compte ou en qui elle a confiance viole cette confiance de manière significative. Ce traumatisme psychologique est souvent associé à une agression sexuelle, à la découverte d’une infidélité, à des relations abusives avec des adultes3ou la maltraitance d’enfants par des soignants ou des membres de la famille.
Le traumatisme sans trahison fait référence à des événements traumatiques qui ne se caractérisent pas par une violation de la confiance au sein d’une relation étroite. Ces événements peuvent être des catastrophes naturelles (comme des ouragans ou des tremblements de terre), des accidents (comme des accidents de voiture), des crises sanitaires (comme des maladies graves) ou des crimes violents perpétrés par des étrangers.
Les traumatismes liés ou non à la trahison peuvent entraîner des troubles similaires, tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) ou la dépression.
Cependant, les expériences de trahison sans menace pour la vie sont liées à des symptômes tels que l’anxiété, le sentiment d’être constamment sur le qui-vive et les souvenirs intrusifs, tandis que les traumatismes de trahison sont liés à des symptômes liés à la nature de la relation entre les auteurs et les victimes, tels que la dissociation, l’engourdissement émotionnel et les relations abusives à l’âge adulte.4
Symptômes du traumatisme de trahison
Le traumatisme de trahison partage de nombreux symptômes avec les traumatismes non liés à la trahison. Il est associé aux groupes de symptômes suivants du syndrome de stress post-traumatique.5
Réexpérience
- Pensées intrusives
- Cauchemar
- Flashback
- Détresse émotionnelle déclenchée par des indices
- Symptômes physiques et réactivité déclenchés par des indices
L’évitement
- Retrait social
- Évitement des lieux
- Évitement des conversations
- Évitement des personnes
- Évitement des pensées, des souvenirs ou des sentiments
Changement de cognition ou d’humeur
- Oubli ou souvenir erroné d’une expérience traumatisante
- Dissociation
- Excès de pessimisme
- Culpabilisation
- Peur
- Horreur
- Colère
- Culpabilité
- Honte
- désespoir
- Diminution de l’intérêt pour les activités
- Sentiment de détachement ou d’isolement par rapport aux autres
- Difficulté à ressentir des émotions positives
L’hyperexcitation
- Irritabilité ou agressivité
- Comportement d’automutilation
- Comportement imprudent
- Hypervigilance
- Facilement effrayé
- Difficulté à se concentrer
- Troubles du sommeil
Effets du traumatisme de la trahison
Le trouble de la personnalité limite
Outre les symptômes du syndrome de stress post-traumatique, le traumatisme de trahison est également associé au trouble de la personnalité limite (TPL).
Plus la relation entre l’auteur et la victime est étroite, plus le niveau de trahison est élevé. Cela augmente la probabilité que la victime développe un TPL.6
Problèmes d’attachement
Les traumatismes causés par les figures d’attachement primaires perturbent la relation fondamentale entre un enfant et la personne qui s’occupe de lui. Il peut conduire à un attachement désorganisé, qui est un style d’attachement insécurisant.
L’attachement insécurisant est lié à une série de conséquences psychologiques et physiques négatives, telles que la dépression et l’anxiété.7
Relations abusives
Comme les mécanismes d’adaptation des survivants de traumatismes de trahison compromettent leur conscience de la trahison, ils peuvent avoir des difficultés à détecter les risques dans l’environnement social, y compris les ruptures de contrats sociaux.
Cette difficulté à détecter les risques peut contribuer à la revictimisation dans les relations adultes, y compris les relations intimes.8
Addiction
En raison du syndrome de stress post-traumatique, certaines victimes de traumatismes se tournent vers les drogues ou l’alcool comme moyen d’automédication, ce qui peut entraîner une toxicomanie ou une dépendance à l’alcool.
La difficulté à reconnaître les risques pour soi-même et à y répondre peut contribuer au développement de la consommation de substances psychoactives.9
Questions fiduciaires
L’incapacité à faire confiance aux autres est un autre effet négatif du traumatisme de trahison. Ces survivants peuvent se méfier des intentions des gens ou être trop prudents dans leurs relations, craignant d’être trahis à l’avenir. Ils ont tendance à avoir de moins bonnes relations interpersonnelles.10
Santé et soins médicaux
À la suite d’un traumatisme, les survivants peuvent perdre confiance dans les relations interpersonnelles, y compris dans les prestataires de soins de santé. Ils sont donc moins enclins à suivre un traitement médical, ce qui peut nuire à leur santé physique.
Transmission intergénérationnelle de la détresse liée au traumatisme
Les enfants de mères ayant subi un traumatisme de trahison dans leur enfance sont plus susceptibles de subir un traumatisme interpersonnel et de développer des symptômes de stress post-traumatique.
La recherche suggère qu’une réduction de la vigilance maternelle à l’égard des menaces interpersonnelles contribue à la récurrence de la victimisation chez les mères, entraînant ainsi une transmission générationnelle du traumatisme à leurs enfants.11
Trahison traumatisme rétablissement
Reconnaître la source du problème
Le traitement adéquat d’un traumatisme dû à une trahison comprend plusieurs étapes, à commencer par la reconnaissance du problème.
Les survivants d’un traumatisme de trahison portent souvent un lourd fardeau de honte et d’auto-culpabilisation. Cependant, le problème du traumatisme relationnel ne réside pas dans la personne qui a souffert, mais dans la nature néfaste de l’acte lui-même.
Vous n’êtes pas la source du problème et vous ne devez pas vous blâmer.
La première étape de la guérison d’un traumatisme dû à une trahison consiste à reconnaître l’origine du problème et à demander de l’aide pour se rétablir sans se culpabiliser.12
Guérison relationnelle
Le traumatisme de trahison est un type de traumatisme relationnel. Il crée une rupture dans une relation importante dont dépend le bien-être émotionnel, physique ou spirituel d’une personne, ce qui entraîne un traumatisme de l’attachement.
La prise en compte de l’expérience de la rupture relationnelle est un élément important de la guérison du traumatisme de trahison.
Les cicatrices relationnelles peuvent être réparées par la guérison des liens humains. Tendez la main à des amis et à des membres de votre famille en qui vous avez confiance et qui vous apporteront un soutien social.13
Cependant, les relations ont le pouvoir de guérir et de blesser.
Même les personnes les mieux intentionnées qui n’ont pas connu une enfance aussi difficile peuvent avoir du mal à comprendre votre situation ou à vous donner des conseils utiles. Elles peuvent involontairement finir par dire des choses qui exacerbent la douleur au lieu de la soulager.
Réfléchissez donc bien aux personnes à qui vous confiez vos difficultés.
Même si quelqu’un ne comprend pas entièrement votre expérience, il existe d’autres moyens d’entrer en contact avec lui.
Des passe-temps ou des centres d’intérêt communs peuvent permettre de nouer des liens significatifs.
Professionnels de la santé mentale
L’établissement de relations saines est une étape importante dans la guérison des dommages émotionnels ou psychologiques. Ce processus de guérison nécessite souvent les conseils d’un professionnel de la santé mentale expérimenté.
Contrairement aux amis ou aux connaissances qui, malgré leurs bonnes intentions, peuvent dire des choses blessantes par inadvertance, les professionnels de la santé mentale sont formés pour écouter avec empathie et mettre en œuvre des approches thérapeutiques adaptées à vos besoins. Ils peuvent vous aider à identifier des schémas, vous fournir des outils pour gérer des émotions intenses et vous aider à fixer des objectifs réalistes pour votre rétablissement.
Si les contraintes financières sont un problème, envisagez d’explorer des options telles que les thérapies gratuites, les cliniques à tarif dégressif ou les services de conseil subventionnés.
Trouver le bon thérapeute peut prendre un certain temps et nécessiter des séances d’essai avec différents praticiens jusqu’à ce que vous trouviez quelqu’un dont le style vous convient.
Ne vous découragez pas si les premières tentatives ne donnent pas les résultats escomptés ; cela fait partie du processus.
Ne vous isolez pas
Certaines personnes ayant survécu à un traumatisme peuvent s’isoler ou se retirer des activités sociales. Or, l’établissement de liens sociaux avec d’autres personnes peut contribuer au processus de rétablissement.
Le fait d’être immergé dans des expériences et des interactions positives peut contribuer à remodeler les voies neuronales de votre cerveau. Les nouvelles expériences de la vie permettent à notre cerveau de se réorganiser et de former de nouvelles connexions neuronales.
Un système de soutien est également inestimable, car le fait de s’engager avec les autres renforce le sentiment d’appartenance.
Même si ces personnes ne comprennent pas entièrement votre douleur émotionnelle ou ne vous aident pas à la traiter – une tâche qu’il vaut mieux confier à un thérapeute professionnel – elles peuvent vous apporter chaleur, empathie, compréhension et camaraderie.
Envisagez également de rejoindre un groupe de soutien spécialement conçu pour les victimes de traumatismes dans l’enfance.
Ces groupes offrent un forum ouvert pour partager les expériences et les stratégies d’adaptation, tout en apportant un soutien mutuel sous la direction de professionnels qualifiés.
Le sentiment d’appartenance à une communauté que ces groupes favorisent contribue grandement à réduire les sentiments de solitude et d’isolement.
La participation à ces groupes vous permet d’entrer en contact avec d’autres personnes qui ont vécu des expériences similaires. Cela valide vos luttes en vous montrant que vous n’êtes pas seul, ce qui est un aspect essentiel de la guérison.
Obtenir de l’aide pour un comportement inadapté
Si vous êtes actuellement impliqué dans une relation amoureuse violente, appelez le service d’assistance téléphonique national contre la violence domestique au 800-799-7233.
Pour obtenir de l’aide en cas de dépendance, appelez le service national d’aide SAMHSA au 1-800-662-HELP (4357).
Pour obtenir de l’aide en cas de pensées suicidaires ou de comportements autodestructeurs, appelez le 988 Suicide and Crisis Lifeline au 988 ou envoyez un SMS au 988 dès aujourd’hui.
Arrêter la reconstitution
Certains survivants se retrouvent pris dans un cercle vicieux, reproduisant des schémas nocifs et destructeurs auxquels ils ont été exposés très tôt dans leur vie.
Par exemple, ils peuvent refléter par inadvertance la dynamique de la violence domestique dans leurs relations primaires. Cette répétition troublante peut se manifester de différentes manières : ils peuvent devenir des victimes reflétant les souffrances qu’ils ont endurées ou se transformer en auteurs, reprenant involontairement le comportement abusif dont ils ont été témoins ou victimes.
La bonne nouvelle est que ces cycles destructeurs peuvent être identifiés, interrompus et modifiés avec l’aide d’un thérapeute expérimenté.
Une fois ces comportements identifiés, il est possible de les remplacer par des comportements plus sains et des relations plus sûres.
Se libérer de ce cycle ne se fait pas du jour au lendemain ; cela demande de la patience, des efforts et parfois même une douloureuse introspection. Mais c’est possible.
Prendre soin de soi
Grandir avec des blessures profondes peut souvent façonner la façon dont on se perçoit ; le plus souvent, ce n’est pas sous un jour positif.
Mais cela ne doit pas rester ainsi.
En intégrant l’auto-soin et l’auto-compassion dans votre vie quotidienne, vous pouvez renverser le scénario de cette image négative de vous-même.
Prendre soin de soi n’est pas toujours synonyme d’activités fantaisistes telles que des séances de spa ou des massages. Il s’agit plutôt de trouver des activités qui aident à faire ressortir le meilleur de soi, physiquement, émotionnellement et mentalement.
Faire du sport, méditer, écouter de la musique, avoir une alimentation équilibrée et se blottir dans une bande dessinée sont autant d’activités qui vous aident à vous détendre ou vous apportent de la satisfaction.
Intégrez l’auto-prise en charge à votre routine quotidienne.