Imaginez que vous êtes en train de manger dans un fast-food quand soudain un grand fracas retentit dans l’espace. Les vitres se brisent et des éclats volent dans l’air tandis qu’une voiture hors de contrôle fonce sur le magasin.
À ce moment-là, votre cœur s’emballe, votre respiration s’accélère et votre corps se crispe pour se préparer à répondre à la menace inattendue. Ces symptômes physiques sont des réactions normales. Les réponses au stress sont des mécanismes de défense complexes qui ont évolué pour nous protéger du danger.
Depuis les rencontres de nos ancêtres avec des prédateurs jusqu’aux défis modernes, les comportements de réponse au traumatisme nous aident à naviguer dans un monde de menaces potentielles.
Tous les animaux possèdent des mécanismes de défense similaires contre les menaces. Cependant, contrairement aux animaux, qui reprennent généralement leur fonctionnement normal une fois le danger passé, les humains peuvent éprouver des difficultés.
Ils peuvent se retrouver piégés dans un schéma récurrent de réponses associées au danger ou au traumatisme initial, même après la fin de l’événement traumatique.
Par conséquent, les êtres humains ont des réactions immédiates aux traumatismes et des réactions à plus long terme.
Exemples d’événements traumatisants
Voici quelques exemples d’événements pouvant entraîner des réactions de stress traumatique
- accident de voiture
- catastrophe naturelle
- vol
- guerre
- maltraitance des enfants
- violence domestique
- agression sexuelle
5 Réactions immédiates aux traumatismes
Les êtres humains ont développé cinq états de défense innés pour se protéger contre les agressions. Ces réactions courantes aux traumatismes sont les suivantes :
- L’état d’alerte
- Vol
- Combattre
- Gel-effroi (immobilité tonique)
- Effondrement (immobilité effondrée)
Ces cinq types de réactions traumatiques sont activés automatiquement lorsque nous percevons un danger et sont classés par ordre croissant d’imminence de la menace.1
Alerte au gel
L’état d’alerte gelée est la première réponse lorsque nous détectons une menace potentielle.
Cette réaction implique une immobilité soudaine. Les activités en cours sont temporairement interrompues, ce qui nous permet d’évaluer la situation dangereuse et de déterminer le niveau de danger. En même temps, notre rythme cardiaque augmente, ce qui nous prépare à une éventuelle action.
La réaction de gel de l’alerte permet d’évaluer les menaces potentielles tout en minimisant le risque de détection. Elle nous donne le temps d’évaluer nos options et de décider si nous devons nous engager dans une défense active ou dans l’immobilité.
En restant immobile, nous pouvons déterminer le meilleur plan d’action sans attirer l’attention.
Vol
La réaction de fuite se déclenche lorsque nous percevons la menace comme imminente et que le meilleur moyen d’action est de fuir.
Dans cet état, le système nerveux sympathique prend le contrôle, augmentant le rythme cardiaque, la respiration et le flux sanguin vers les muscles pour préparer la fuite.
L’objectif principal est de s’éloigner le plus possible de la menace.
Combattre
La réaction physique de lutte se produit lorsque nous pensons que notre meilleure chance de survie est d’affronter directement la menace.
Comme pour la réaction de fuite, notre système nerveux sympathique est activé, préparant notre corps à la confrontation.
La différence entre les deux réponses actives réside dans la répartition du flux sanguin – vers les jambes en cas de fuite ou vers les bras et la mâchoire en cas de combat. Diriger davantage de flux sanguin vers les bras et la mâchoire nous permet d’adopter un comportement agressif.
Gel-effroi / immobilité tonique
L’angoisse est un état d’immobilité tonique caractérisé par une peur extrême et une immobilité physique.2
Cette réaction de gel se produit lorsque la menace est imminente et que nous percevons que les défenses actives telles que la fuite ou le combat ne sont pas des options viables. Il s’agit souvent d’une menace perçue comme inéluctable (p. ex. piégeage ou danger de mort).
Pendant la peur figée, le rythme cardiaque est réduit et le corps reste tendu et préparé à l’action tout en inhibant les mouvements, ce qui donne l’impression d’une peur paralysante ou d’être « effrayé ».
En inhibant les mouvements, nous pouvons éviter de provoquer une nouvelle agression de la part de l’agresseur, ce qui laisse le temps à la situation de changer ou aux secours d’arriver.
Effondrement / immobilité effondrée
La réponse au traumatisme par effondrement est notre dernière ligne de défense lorsque toutes les autres options ont été épuisées ou jugées futiles.
Notre corps passe à un état hypométabolique, caractérisé par une immobilité flasque et une baisse significative du rythme cardiaque.
Cette réaction de « faire le mort » peut dissuader les prédateurs ou les agresseurs de poursuivre leur assaut, car ils peuvent croire que leur proie est déjà morte ou hors d’état de nuire, ce qui nous donne une chance de nous rétablir ou de nous échapper lorsque l’agresseur se désintéresse de nous.
Défense déréglée
Ces réactions traumatiques nous protègent face au danger. Elles sont instinctives et involontaires, conçues pour maximiser nos chances de survie.
Dans des circonstances normales, lorsque les réponses adaptatives parviennent à gérer une menace, le corps traite et métabolise les substances neurochimiques associées à l’excitation. Cela nous permet de revenir progressivement à notre état optimal une fois que le stimulus menaçant s’est atténué ou a disparu.
Cependant, ce retour à la ligne de base ne se produit pas toujours après une expérience traumatisante.
Dans les situations de stress toxique ou de traumatisme prolongé, ou en l’absence d’un soutien apaisant et relationnel adéquat par la suite, il se peut que l’on ait du mal à recalibrer son excitation autonome.
Lorsque les personnes sont piégées dans un schéma récurrent de réponses liées au danger ou au traumatisme initial, elles peuvent ressentir une détresse permanente, de l’anxiété et divers symptômes liés au traumatisme. La réaction de lutte, autrefois saine, devient malsaine.
Ces symptômes peuvent perturber les activités quotidiennes et avoir un impact négatif sur la qualité de vie globale de l’individu.
Lorsque ces symptômes deviennent graves, ils peuvent se manifester sous la forme d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).3
10 Réactions post-traumatiques
Les individus peuvent réagir de différentes manières en fonction des types d’événements qu’ils ont vécus. Il existe cependant des réactions communes à un stress extrême.
Les réactions traumatiques courantes aux traumatismes psychologiques sont les suivantes :
Ressentir des émotions difficiles
Les réactions et les émotions les plus courantes à la suite d’un événement traumatique sont les suivantes :4
- Anxiété
- Peur
- Tristesse
- Honte
- Culpabilité
- Colère
Certaines personnes peuvent réprimer leurs émotions parce qu’elles craignent de perdre le contrôle de leurs réactions émotionnelles.
Si le traumatisme n’est pas résolu, cette détresse émotionnelle peut entraîner des troubles mentaux tels que la dépression et l’anxiété.
Dérégulation des émotions
Un traumatisme peut entraîner une dysrégulation émotionnelle temporaire ; cependant, pour les enfants exposés à la maltraitance ou à la négligence pendant une période prolongée, cette dysrégulation peut persister parce qu’ils ne peuvent pas développer les compétences nécessaires à la régulation des émotions.5
Les enfants qui ont subi un traumatisme de l’attachement ont souvent du mal à réguler les émotions fortes suscitées par l’événement traumatique, et cette dysrégulation des émotions peut persister à l’âge adulte.
Hypervigilance
La peur et l’anxiété chez les victimes de traumatismes peuvent se manifester sous forme d’hyperexcitation et d’hypervigilance.6
L’hyperexcitation fait référence à un état de vigilance, de sensibilité et d’activation physiologique accru. L’hyperexcitation peut entraîner des troubles du sommeil, de l’irritabilité et de l’agitation.
L’hypervigilance est un état intense et persistant de vigilance à l’égard de menaces ou de dangers potentiels, qui peut rendre l’individu facilement effrayé ou constamment sur le qui-vive.
Ces états de peur et d’anxiété accrus peuvent avoir un impact significatif sur le fonctionnement quotidien et la qualité de vie globale d’une personne, qui peut avoir du mal à retrouver un sentiment de sécurité.
Adaptation inadaptée
Lorsque ces émotions deviennent trop envahissantes, les survivants peuvent avoir recours à des mécanismes d’adaptation inadaptés, ce qui se traduit par une toxicomanie, une consommation excessive d’alcool, des comportements d’automutilation ou des troubles de l’alimentation.7
Certaines personnes peuvent également présenter un comportement compulsif et des schémas comportementaux autodestructeurs.
L’évitement
Certaines personnes peuvent constater que certaines situations sociales déclenchent des souvenirs ou des émotions traumatiques. Elles peuvent avoir tendance à éviter ces situations pour minimiser leur détresse.8
Cet évitement social peut se manifester de diverses manières, par exemple en déclinant des invitations à des réunions, en prenant ses distances avec des amis ou des membres de la famille, voire en modifiant ses habitudes pour éviter de se retrouver dans des situations qui pourraient lui rappeler le traumatisme.
Avec le temps, ce comportement d’évitement peut conduire à un isolement accru et à une diminution du réseau de soutien, ce qui exacerbe encore leurs difficultés émotionnelles et entrave leur rétablissement.
Réexpérience
Les pensées intrusives font partie des symptômes les plus courants chez certaines personnes ayant survécu à un traumatisme. Il peut y avoir des flashbacks où le traumatisme est revécu avec vivacité comme s’il se produisait maintenant.
D’autres réactions à un traumatisme peuvent inclure des cauchemars liés à l’événement pénible.9
Reconstitution
La reviviscence peut également se produire par le biais de reconstitutions, par lesquelles les survivants de traumatismes revivent et recréent de manière répétitive le traumatisme passé dans leur vie actuelle.12
Par exemple, les personnes qui ont subi des traumatismes dans leur enfance sont plus susceptibles de se retrouver dans des relations abusives à l’âge adulte.
Ce cycle de recréation de situations traumatisantes peut découler de la tentative inconsciente du survivant de donner un sens au passé ou d’acquérir un sentiment de contrôle sur le traumatisme non résolu.
Dissociation
Les traumatismes peuvent entraîner une dissociation chez certaines personnes. Pendant la dissociation, les pensées, les souvenirs, les sentiments et les actions d’une personne sont mentalement séparés.
Ce mécanisme a pour but de séparer la personne de sa détresse et de lui permettre de survivre. Cependant, dans les cas les plus graves, il peut se transformer en trouble dissociatif.10
Agression
Les comportements agressifs et violents sont fréquents chez les personnes ayant subi un traumatisme grave.
Par exemple, le personnel militaire exposé au combat est associé à l’agression physique et à la violence après le déploiement.11
Manque de concentration et perte de mémoire
Une personne traumatisée peut être confrontée à des problèmes de concentration et de mémoire. L’impact persistant du traumatisme peut rendre difficile le maintien de la concentration sur les tâches, entraînant une distractibilité et une capacité réduite à traiter efficacement les informations.
En outre, des pertes ou des trous de mémoire peuvent survenir. Cela peut se manifester par des difficultés à se souvenir de détails spécifiques de l’événement stressant ou même d’aspects plus généraux de leur vie pendant la période entourant le traumatisme.13
Cette perte de mémoire peut parfois être un mécanisme de protection, le cerveau humain essayant de protéger l’individu des souvenirs douloureux.