Qu’est-ce qu’un traumatisme ?
Le traumatisme est une expérience profondément pénible ou dérangeante, résultant souvent de l’exposition à un événement ou à une série d’événements qui impliquent des menaces réelles ou perçues pour le bien-être physique ou émotionnel d’une personne et qui peuvent dépasser la capacité d’une personne à y faire face.
Les différents types de traumatismes peuvent avoir des effets différents sur le cerveau1Les traumatismes développementaux ont une influence particulière sur l’altération de la structure du cerveau et sur le développement cérébral de l’enfant.
Traumatisme du développement
Les traumatismes développementaux, également appelés traumatismes complexes, sont des traumatismes de la petite enfance qui impliquent souvent des expériences chroniques, répétitives et gravement négatives au cours des années de formation. Ces expériences de l’enfance peuvent avoir un impact profond et durable sur le développement de l’enfant, car le cerveau est très vulnérable pendant ces phases critiques.2
Les expériences négatives vécues pendant l’enfance (ACE) comprennent la maltraitance des enfants, la négligence, la violence domestique, les accidents graves, les catastrophes naturelles, la violence communautaire, les brimades, les maladies en phase terminale et la guerre.
Ce traumatisme émotionnel peut altérer de manière significative la structure et le fonctionnement normal du cerveau, avec des conséquences considérables sur le bien-être émotionnel, cognitif, comportemental et physique de l’individu. Les altérations des zones cérébrales peuvent également entraîner des symptômes de stress post-traumatique (SSPT) ou d’autres problèmes de santé mentale.
Effets des traumatismes sur la structure, la fonction et la neurochimie du cerveau
Amygdale et hippocampe
L’exposition à un traumatisme peut entraîner des changements dans l’amygdale et l’hippocampe, deux régions du cerveau responsables de la régulation des émotions, de l’instinct de survie, de l’apprentissage et de la mémoire émotionnelle.
L’amygdale est l’une des zones du cerveau essentielles au traitement des émotions telles que la peur et la colère. Elle active le mode de survie du corps, la réaction de lutte, de fuite ou d’immobilisation lorsqu’une menace aiguë est détectée.
Lorsque la réaction au traumatisme est chronique et répétitive, l’amygdale devient hyperactive. Le cerveau est constamment en état d’alerte pour détecter les menaces, ce qui entraîne une réaction de stress accrue et une augmentation de l’anxiété.
L’hippocampe, responsable de la formation et de la récupération de la mémoire, peut présenter une perte de volume et un fonctionnement anormal, comme des pensées intrusives, des cauchemars ou des difficultés à se souvenir et à apprendre.3
Cortex préfrontal
Le cortex préfrontal est la région du cerveau responsable des fonctions exécutives telles que la prise de décision, le contrôle des impulsions et la régulation des émotions par le biais du contrôle de l’amygdale.
Les traumatismes développementaux peuvent entraîner un sous-développement ou un dysfonctionnement de cette région, entraînant des difficultés dans le contrôle des impulsions, la planification et la prise de décision.
Il contribue également à la dysrégulation émotionnelle en raison d’une capacité réduite à inhiber l’amygdale hyperactive, ce qui rend difficile la gestion des émotions et le maintien de la stabilité émotionnelle.4
Taux d’hormones de stress
Le stress chronique et l’exposition à des traumatismes pendant la petite enfance peuvent entraîner une dysrégulation à long terme des niveaux d’hormones de stress, notamment le cortisol et la norépinéphrine.
Ce déséquilibre hormonal peut conduire à un état persistant de stress accru, contribuant à l’anxiété, à la dépression et à d’autres problèmes de santé mentale.
Des niveaux élevés de cortisol peuvent également avoir un impact négatif sur le système immunitaire, rendant l’individu plus vulnérable aux maladies physiques.5
Déséquilibres des neurotransmetteurs
Les traumatismes développementaux peuvent également avoir un impact sur l’équilibre des neurotransmetteurs dans le système cérébral, tels que la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline. Ces neurotransmetteurs jouent un rôle essentiel dans la régulation de l’humeur, de la motivation et de la récompense.
Les déséquilibres de la chimie du cerveau peuvent contribuer à divers troubles mentaux, notamment la dépression et l’anxiété.6
Voir aussi Les traumatismes de l’enfance chez les adultes
Effets des traumatismes sur le développement de l’enfant
Les enfants traumatisés présentent souvent les effets négatifs suivants en raison des modifications de leurs fonctions cérébrales.
Dérèglement émotionnel
L’amygdale, l’hippocampe et le cortex préfrontal font partie du circuit neuronal du stress qui gère la réponse au stress et à la peur.
Lorsque l’amygdale est hyperactive et que le cortex préfrontal, qui peut la réguler, est altéré, cette réactivité émotionnelle ressemble à une voiture qui s’emballe et dont les freins fonctionnent mal.
Par conséquent, les enfants traumatisés ont souvent des difficultés à réguler leurs émotions. Ils sont plus enclins aux sautes d’humeur, aux explosions émotionnelles ou à la difficulté à faire face au stress et à l’adversité.7
Conditions de santé mentale
Les déséquilibres des neurotransmetteurs et une capacité réduite à réguler les émotions exposent les enfants traumatisés à un risque plus élevé de développer des troubles mentaux.
Certains enfants peuvent développer un syndrome de stress post-traumatique, présentant des symptômes tels que des pensées intrusives, des cauchemars, des flashbacks du souvenir du traumatisme, l’évitement des rappels traumatiques, la dissociation, des attaques de panique et une augmentation de l’excitation.8
D’autres peuvent souffrir d’anxiété et de dépression, se manifestant par des inquiétudes persistantes, de la tristesse, de l’irritabilité, un retrait des situations sociales et des troubles de l’alimentation.9
Comportement d’extériorisation
Les enfants victimes qui ne disposent pas de mécanismes d’adaptation sains présentent souvent un comportement d’extériorisation tel que l’impulsivité, l’agression, l’automutilation et le comportement oppositionnel, ce qui les empêche de s’engager dans des interactions sociales positives et d’adhérer aux normes sociétales.10
Les effets du stress sur le cerveau ont un impact sur la capacité de l’enfant à comprendre les signaux sociaux, à interagir avec ses pairs et à participer à des jeux adaptés à son âge. Avec le temps, cela peut conduire à un isolement social et à des difficultés à nouer des amitiés.
Difficultés scolaires et cognitives
Les enfants souffrant de traumatismes complexes peuvent être confrontés à des problèmes de mémoire, d’apprentissage, de planification, d’organisation et de fonctions exécutives, ce qui a des conséquences négatives sur leurs résultats scolaires et leur fonctionnement quotidien.
Les difficultés dans ces domaines cognitifs peuvent entraver leur capacité à traiter l’information, à retenir les connaissances et à s’engager dans des tâches de résolution de problèmes ou de prise de décision.11
Questions relatives à l’attachement
Les traumatismes subis par les enfants peuvent rendre difficile la formation d’un attachement sécurisant avec les personnes qui s’occupent d’eux, et ils peuvent avoir du mal à faire confiance aux autres. Dans certains cas, les personnes qui s’occupent des enfants peuvent elles-mêmes être à l’origine du traumatisme de l’attachement, ce qui complique encore la capacité de l’enfant à nouer des relations saines et à faire confiance.
Ce manque de confiance et d’attachement sécurisant peut influencer leur perception des relations et de la sécurité personnelle.
Ces enfants peuvent être confrontés à des difficultés constantes pour établir et maintenir des relations saines, même à l’âge adulte. Ils peuvent avoir des difficultés avec la communication interpersonnelle, l’intimité émotionnelle et la résolution des conflits, ce qui conduit à un schéma de relations instables.12