La théorie de l’attachement, formulée par John Bowlby, souligne le rôle essentiel des relations parents-enfants. Elle postule que les effets durables de l’attachement précoce façonnent le développement de l’enfant et persistent à l’âge adulte. Les styles d’attachement formés pendant l’enfance influencent l’attachement d’un individu à l’âge adulte et sa capacité à établir des relations intimes significatives plus tard dans sa vie.
Qu’est-ce que la théorie de l’attachement ?
La théorie de l’attachement est une théorie psychologique qui explique les mécanismes et l’importance du lien parent-nourrisson appelé attachement.1
L’attachement est le lien affectif qui se développe entre un nourrisson et la personne qui s’occupe de lui pendant les premières années de sa vie. Selon la théorie de l’attachement, les comportements d’attachement ont été développés par la sélection naturelle afin de maintenir la progéniture immature proche de la personne qui s’occupe d’elle pour sa survie.
Voici les cinq comportements d’attachement chez les nourrissons.
- La succion
- S’accrocher
- Suivant
- Pleurer
- Sourire
Les comportements de recherche de proximité déterminent le style d’attachement de l’enfant. Lorsqu’un nourrisson est en détresse, il fait des signaux pour attirer l’attention de la personne qui s’occupe de lui et qui peut lui apporter réconfort et protection.
Bowlby pensait que l’attachement pouvait affecter de manière significative la croissance émotionnelle de l’enfant, le développement de sa personnalité, sa capacité à être proche et ses relations amoureuses à l’âge adulte.
Lorsque la personne qui s’occupe du nourrisson est cohérente et répond à ses besoins, l’enfant développe un sentiment de sécurité. L’enfant apprend que la personne qui s’occupe de lui est fiable. La personne qui s’occupe de lui devient une base sûre à partir de laquelle l’enfant peut explorer le monde et un havre de paix où il peut retourner. Cette relation d’attachement sécurisante aide l’enfant à développer une bonne estime de soi et crée un modèle de fonctionnement interne qui lui permet de faire confiance aux autres.
Qui a développé la théorie de l’attachement ?
John Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique, a développé la théorie de l’attachement après avoir étudié l’impact négatif de la privation maternelle sur les jeunes enfants. La première proposition formelle de cette théorie influente de l’attachement du nourrisson a été présentée à la British Psychoanalytic Society à Londres dans trois articles : « The Nature of the Child’s Tie to His Mother » (1958), « Separation Anxiety » (1959) et « Grief and Mourning in Infancy and Early Childhood » (1960).
Bowlby est le premier théoricien de l’attachement qui a jeté les bases de la théorie de l’attachement, qui a ensuite été affinée par Ainsworth, Sroufe et d’autres théoriciens de l’attachement.
Quelle est la contribution de Mary Ainsworth à la théorie de l’attachement ?
La contribution de Mary Ainsworth à la théorie de l’attachement comprend ses recherches pionnières sur les interactions mère-enfant et la classification des styles d’attachement.
Tout en travaillant sous la direction de Bowlby, Ainsworth a mené des recherches empiriques, notamment dans le cadre de l’étude de Baltimore en Ouganda en 1953. Elle a observé des schémas distincts dans les interactions mère-enfant, ce qui l’a amenée à classer l’attachement en trois types : sécurisé, insécurisé et pas encore attaché.
L’une des conclusions importantes de ses travaux est la forte corrélation entre l’attachement sécurisant chez les nourrissons et la sensibilité maternelle. Ainsworth a noté que les mères sensibles, à l’écoute de leur bébé, avaient tendance à avoir des enfants ayant un attachement sécurisant. Ces enfants pleuraient moins et se sentaient à l’aise pour explorer en présence de leur mère.
Les bébés de mères insensibles, qui avaient du mal à percevoir les comportements subtils de leur enfant, étaient plus susceptibles de développer un style d’attachement insécurisant. Ces nourrissons pleuraient souvent davantage, même lorsqu’ils étaient pris dans les bras de leur mère, et leur exploration était limitée. Le style insécurisant a ensuite été divisé en styles ambivalent et évitant.
Les bébés non encore attachés n’affichent aucune préférence ni aucun comportement différentiel envers leur mère.
Plus tard, les chercheurs Main, Hesse et Solomon ont ajouté le style d’attachement désorganisé comme quatrième type, ce qui donne trois styles d’attachement insécurisés.
Pourquoi la théorie de l’attachement est-elle importante ?
La théorie et la recherche sur l’attachement permettent de comprendre comment le style parental affecte le développement de la personnalité de l’enfant, ses relations futures et ses résultats dans la vie.
Avant l’émergence de cette théorie, la théorie psychanalytique dominante, dirigée par Freud, soutenait qu’un enfant développait un lien avec la personne qui s’occupait de lui pour se nourrir et être dépendant. Les besoins alimentaires de l’enfant étaient les principaux facteurs déterminant le développement de l’attachement. Cependant, les théories behavioristes n’expliquaient pas pourquoi un enfant développait de l’anxiété à l’idée d’être séparé de ses parents.
Les recherches de Bowlby sur l’attachement ont prouvé que les liens parent-enfant, et non les besoins alimentaires, étaient essentiels à la formation d’un attachement sécurisant chez les enfants. Les styles d’attachement sont fondés sur les relations, et non sur la seule alimentation. Les conclusions de Bowlby ont mis en évidence les effets néfastes généralisés des soins en institution et à l’hôpital sur les enfants, que les théoriciens du behaviorisme ne pouvaient pas expliquer.2
Quels sont les quatre types de styles d’attachement ?
Les quatre types de styles d’attachement chez l’enfant sont le style d’attachement sécurisant, le style d’attachement ambivalent, le style d’attachement évitant et le style d’attachement désorganisé. Tous les styles d’attachement, à l’exception du style d’attachement sécurisant, sont insécurisants.
Un style d’attachement sécurisant se développe lorsque le parent est réceptif et cohérent dans sa réponse aux besoins de l’enfant. Un style d’attachement ambivalent se développe lorsque le parent est incohérent et préoccupé. Un style d’attachement évitant se forme lorsque le parent rejette l’enfant. Un style d’attachement désorganisé apparaît lorsque le parent est une source de peur pour l’enfant, ce qui se produit souvent en raison d’abus ou de maltraitance.
Les quatre styles d’attachement chez l’adulte sont le style d’attachement sécure, le style d’attachement anxieux-préoccupé, le style d’attachement évitant dédaigneux et le style d’attachement évitant craintif.
Qu’est-ce qui crée un attachement sécurisant ?
Un attachement sécurisant se crée lorsque la personne qui s’occupe de l’enfant est réceptive et sensible aux besoins de l’enfant. L’enfant apprend qu’il peut compter sur la personne qui s’occupe de lui pour obtenir de l’aide et du réconfort en cas de détresse.
En revanche, un attachement insécurisé se développe lorsque la personne qui s’occupe de l’enfant n’est pas réceptive, n’est pas cohérente, rejette l’enfant ou le punit. L’enfant apprend qu’il ne peut pas compter sur la personne qui s’occupe de lui.
Les enfants dont les parents sont inconstants peuvent développer des comportements tels que s’accrocher pour attirer plus d’attention. Les enfants dont les parents les rejettent peuvent cesser de chercher de l’aide auprès de la personne qui s’occupe d’eux. Les enfants dont les parents sont punitifs peuvent avoir peur de la personne qui s’occupe d’eux.
Comment les styles d’attachement sont-ils évalués chez les enfants ?
Les styles d’attachement des enfants peuvent être évalués grâce à l’expérience de la situation étrange. La situation étrange a été initialement mise au point par Mary Ainsworth en 1969 pour observer les interactions et les comportements exploratoires des enfants dans des conditions de stress faible et élevé. Cette procédure d’observation est devenue la méthode la plus répandue pour identifier les styles d’attachement chez les enfants âgés de 10 à 30 mois.
L’expérience consiste en une observation structurée, d’une durée d’environ 20 minutes et comportant huit segments. Elle commence par l’entrée d’une mère et de son bébé dans une salle de jeux spécialement conçue pour le laboratoire. Après qu’ils se soient installés, une femme inconnue les rejoint. Le scénario se déroule comme suit : la mère quitte brièvement la pièce pour permettre à l’étrangère d’interagir avec le nourrisson. La mère revient, suivie d’une autre séparation où le nourrisson est laissé seul. L’expérience se termine par l’entrée de l’étrangère, puis de la mère, dans la pièce.
Ainsworth a découvert des modèles inattendus de comportements de retrouvailles du nourrisson, ce qui a conduit à l’élaboration d’un système de classification pour analyser les styles d’attachement chez les enfants.
Quelles sont les quatre phases du développement de l’attachement ?
Voici les quatre phases du développement de l’attachement selon la théorie de l’attachement de Bowlby.3
- Non ciblé (0-3 mois): Au cours des premiers mois, les nourrissons font preuve d’une discrimination limitée et sont réceptifs aux interactions sociales avec pratiquement n’importe qui. Le bébé manifeste un attachement général plutôt qu’individuel. Bien qu’il reconnaisse sa mère ou la personne qui s’occupe de lui en premier lieu, il n’est pas perturbé si une autre personne aimante et réceptive prend le relais. Bien que les gestes réconfortants d’un adulte attentif constituent la base du bébé, celui-ci n’insiste pas sur une personne en particulier.
- Focalisation sur une ou plusieurs figures (3-6 mois): Le bébé commence à montrer ses préférences, par exemple en souriant, en vocalisant et en s’installant plus rapidement avec certaines personnes qui s’occupent de lui qu’avec d’autres. Il commence à développer une « angoisse de l’étranger ». Un visage inconnu n’est ni agréable ni excitant pour le bébé. Au contraire, il signale un danger. Cependant, l’attachement à la personne qui s’occupe du bébé n’est pas le seul que le bébé puisse former. Les bébés peuvent également développer un attachement secondaire à d’autres adultes. Cette période correspond également au stade où le bébé devient mobile et moins dépendant. Lorsque le bébé s’éloigne de sa mère en rampant, il la garde à l’œil. La mère est devenue un havre de sécurité intérieur à partir duquel l’enfant peut s’aventurer.
- Comportement de base sécurisé (6-24 mois): L’enfant a un grand besoin de rester physiquement proche de la personne qui s’occupe de lui. Il peut tolérer la détresse de la séparation pendant une période limitée, de préférence avec une autre personne familière. Une séparation prolongée au cours de ces années constitue un traumatisme majeur qui peut être exacerbé si l’enfant ne peut pas construire un nouvel attachement. Le modèle d’attachement et de sécurité des relations que l’enfant a entretenues jusqu’à présent est presque ancré dans la représentation interne qu’il se fait du monde des relations. Ce modèle devient beaucoup plus difficile à modifier au fur et à mesure que l’enfant grandit.
- Partenariat corrigé des objectifs (24-36+ mois): A trois ans, l’enfant peut tolérer de ne pas voir sa mère, à condition de savoir où elle est et quand elle reviendra. Il peut maintenant comprendre que d’autres personnes sont distinctes de lui et ont leurs pensées, leurs perceptions, leurs désirs et leur existence. La relation d’attachement s’est transformée en une relation plus complexe appelée partenariat. Le terme « objectif corrigé » souligne la nature flexible et planifiée de la relation. C’est également à cette période que les enfants commencent à établir des relations réciproques. Il peut commencer à utiliser le langage pour exprimer ses besoins et apprécier l’espace et le temps. C’est à ce moment-là que l’enfant peut commencer à tirer profit de son intégration régulière dans un groupe, par exemple en fréquentant l’école maternelle. À l’adolescence, le groupe de pairs de l’enfant devient plus important et plus influent que les parents. L’enfant peut s’attacher à ses pairs, même si le foyer et la famille restent fondamentalement importants.
Le modèle à quatre phases de Bowlby est souvent reformulé comme un modèle à quatre stades, car les chercheurs ont essayé de comparer son modèle à d’autres modèles de développement, tels que les quatre stades de développement cognitif de Piaget.
Comment le style d’attachement affecte-t-il la croissance émotionnelle ?
Les enfants qui ont un attachement sécurisant se sentent à l’aise en comptant sur leurs parents pour les aider à réguler leurs émotions, ce qui favorise le développement sain des compétences en matière de régulation émotionnelle. Les enfants sécurisés développent souvent une forte estime de soi. Ces enfants sont à l’aise pour exprimer leurs émotions et sont compétents dans les interactions sociales.
À l’inverse, les nourrissons dont l’attachement est insécurisé manquent de confiance dans la disponibilité ou la constance de leurs parents. L’insécurité peut conduire au sentiment de ne pas être aimé ou de ne pas être digne d’amour. Les enfants peu sûrs d’eux ont tendance à avoir des difficultés à avoir confiance en eux et à réguler leurs émotions, ce qui peut avoir un impact sur leur capacité à nouer des relations saines et à gérer efficacement leurs émotions.
Comment le style d’attachement affecte-t-il le développement de la personnalité ?
Le style d’attachement affecte le développement de la personnalité de l’enfant en établissant des modèles de travail internes qui façonnent sa vision d’elle-même et des autres.
Ces modèles, formés par les interactions avec les parents et les personnes qui s’occupent de l’enfant, définissent les attentes en matière de réactivité des parents et ont un impact sur l’estime de soi, la confiance en autrui et la régulation émotionnelle de l’enfant.
Les enfants dont les parents sont réceptifs développent un attachement sécurisant. Les enfants sécurisés ont tendance à avoir une image positive d’eux-mêmes et à avoir confiance en la fiabilité des autres, ce qui conduit à des interactions sociales plus saines et à une résilience émotionnelle.
Un attachement insécurisant peut entraîner une image négative de soi et une difficulté à établir des relations stables, ce qui influence les traits de personnalité tels que l’anxiété, la dépendance ou l’évitement.
Qu’est-ce que la théorie de l’attachement chez l’adulte ?
La théorie de l’attachement à l’âge adulte, prolongement de la théorie de l’attachement, explique comment l’attachement formé dans la petite enfance influence le fonctionnement social et les relations à l’âge adulte. Cette extension de la théorie a débuté dans les années 1980.
Comment les styles d’attachement sont-ils évalués chez les adultes ?
De nombreuses méthodes ont été créées au fil des ans pour évaluer les styles d’attachement des adultes. Les deux méthodes les plus connues sont l’entretien d’attachement pour adultes et le modèle bidimensionnel.4
- Entretien sur l’attachement chez l’adulte (AAI): L’Adult Attachment Interview (AAI), développé par George, Kapan et Main en 1984, évalue la façon dont les individus réfléchissent et discutent de leurs expériences d’enfance. L’entretien se concentre sur la cohérence du récit de l’individu. Les enquêteurs ont besoin d’une formation approfondie, ce qui limite l’accessibilité de cette méthode.
- Modèle bidimensionnel: Bartholomew a utilisé une combinaison d’entretiens historiques et d’auto-évaluations pour identifier les styles d’attachement basés sur deux dimensions : le modèle de soi et le modèle des autres.14. Le modèle de soi se réfère au degré d’intériorisation du concept de valeur personnelle et à la probabilité de se sentir anxieux dans le domaine des relations amoureuses. Le modèle des autres mesure la fréquence à laquelle les personnes s’attendent à ce que les autres soient disponibles et les soutiennent, et si elles favorisent ou évitent les relations étroites.