Je suis sûr que l’on peut affirmer sans risque de se tromper que lorsque mes ancêtres italiens sont montés à bord d’un bateau qui les emmenait d’Italie en Amérique, ils se sont rendu compte que beaucoup de choses allaient changer. Je ne peux pas dire avec certitude que dans le mélange des traditions, des saveurs et des langues, ils auraient pu anticiper le nombre de mots de leur langue d’amour qui seraient déformés et transformés en argot italo-américain.
« Manicotti » est devenu « manicott ». La délicieuse ricotta crémeuse est appelée « ricott » par les membres de ma famille. Le mot d’argot le plus tristement célèbre est peut-être la viande séchée, la capicola, qui ne commence même pas par un « g », mais qui, d’une manière ou d’une autre, est devenue « gabagool ». Mais ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai réalisé que la délicieuse soupe de haricots, de légumes verts et de viande que ma famille appelait « minest » était l’abréviation de « minestra »… et c’est là que commence notre voyage dans la soupe de mariage italienne.
Une rapide recherche sur Google vous apprendra que la soupe de mariage italienne n’est pas du tout une soupe traditionnellement servie lors des mariages italiens (c’est dommage), mais une autre version italo-américaine d’un classique, la minestra maritata. Cette « soupe de mariage » tire sa saveur robuste du mélange (ou du mariage) d’ingrédients tels que des légumes verts amers et des morceaux de viande coriaces cuits dans un bouillon. Les variantes que j’ai trouvées comprennent, entre autres, des feuilles de moutarde, de la scarole, du râble de brocoli, du chou, des pommes de terre, de la saucisse, de la pancetta, du prosciutto, des haricots blancs, du riz et des morceaux de pâtes, le tout cuit ensemble dans un bouillon fait maison.
Le « minest » de ma famille est la nourriture réconfortante par excellence, un câlin de l’intérieur, un repas qui vous réchauffe par une journée froide et vous fait vous sentir encore plus aimé. Chez ma grand-mère, il y avait du chou, du salami, de la saucisse et des haricots blancs. Celui de ma mère contient des scaroles, des pommes de terre et des haricots. Mon amie Rachael Ray prépare également la sienne avec des scaroles, des haricots cannellini et de la pancetta, le tout accompagné d’une grosse tranche de pain paysan frotté à l’ail. Ces trois incroyables recettes familiales sont différentes, réchauffantes, délicieuses et absolument recouvertes de Parmigiano-Reggiano fraîchement râpé.
Les boulettes de viande constituent l’une des différences les plus marquantes entre la soupe de mariage à l’italienne et son prédécesseur. Je suppose que les adorables et minuscules boulettes de viande qui flottent dans nos bols de soupe de mariage italienne bien-aimés sont un clin d’œil aux morceaux de porc ou de poulet que l’on trouve dans une Minestra Maritata classique.
Il semble que je sois la première génération dans ma famille à préparer la version de ce plat réconfortant qu’est la soupe aux noces italiennes. J’utilise du poulet ou de la dinde hachés pour préparer mes mini-boulettes de viande, que je jette dans une grande marmite remplie de bouillon mijoté (parfois fait maison, mais généralement issu d’une boîte), avec des carottes, du céleri, des tonnes de jeunes épinards et l’une de mes formes de pâtes préférées, les ditalini. En tant que conceptrice de recettes, j’aime la promesse d’un repas en une seule casserole. En tant que mère occupée, j’aime toujours la promesse d’un repas en une seule casserole, et je sais aussi que les boulettes de viande sont un repas sûr dans notre maison, alors celui-ci reste en rotation tout au long de l’hiver.
Maintenant que nous comprenons d’où vient le titre de la recette, le goulasch au bœuf a-t-il besoin d’un nouveau nom ? Le « ragoût de mariage hongrois » ! Pour la Saint-Patrick, le « Corned Beef and Cabbage Irish Matrimonial » (bœuf salé et chou de mariage irlandais) a le vent en poupe. Je vais peut-être m’inspirer de l’une de ces idées pour mon prochain projet d’élaboration de recettes. Ou bien nous laisserons les Italo-Américains et leurs doux mariages de saveurs s’en charger.