Ces mots qu’on adore utiliser mais qui n’existent pas vraiment en français : attention à l’erreur !
Nous avons tous déjà lancé un « Il a super bien performé ! » ou glissé un mystérieux « impacter » lors d’une discussion animée, sans même lever un sourcil. Eh bien, mauvaise nouvelle (ou bonne, selon votre amour de la langue de Molière !) : ces mots n’existent pas véritablement en français. Et si nous nous amusions à traquer ces intrus du quotidien, pour les remplacer par leurs véritables cousins français ?
Quand l’anglais se fait passer pour un mot français
Le français, c’est élégant, nuancé, parfois capricieux, mais surtout riche ! Pourtant, il arrive qu’on prenne un raccourci linguistique, en important sans complexe quelques verbes anglais, histoire de briller ou d’aller plus vite. Petite sélection de ces mots qui nous trompent… et pourquoi il vaut mieux les délaisser.
- « Performé » : combien de fois l’a-t-on entendu à la sortie d’un match ? On croit faire pro… mais on ne fait que copié-collé : « to perform », en anglais, c’est « effectuer, réaliser, accomplir une tâche ». On parle aussi de « performeurs » et de « performance » en guise de concert. Sauf que…
- Le mot « performance » existait déjà en ancien français ! Ironie, il a été réemprunté à l’anglais au XIXe siècle, notamment dans le domaine du sport, comme le souligne l’Académie française. Plutôt que de bricoler avec « performer », préférons « accomplir une performance » ou dire qu’une personne est « l’auteur de la performance ».
- Autre exemple sournois : « réceptionner ». L’air de rien, on utilise souvent ce verbe pour « recevoir » des amis à dîner : « Il a réceptionné ses amis hier soir. » Mais le Trésor de la langue française précise : « réceptionner » signifie « vérifier l’état de marchandises, vérifier le fonctionnement d’un appareil avant sa mise en service ». Bref, ce n’est pas synonyme de « recevoir » ses invités ! À retenir : « réceptionner » = vérifier une livraison.
Des mots qui s’imposent… mais n’ont pas le visa linguistique
- « Démonstration » pour « manifestation » : chez certains, « Ils sont allés à une démonstration ce matin » remplace la classique manifestation. Pourtant, le mot qu’il faut reste « manifestation », issu de « manifeste », qui exprime publiquement un sentiment ou une opinion. Descendre dans la rue, c’est « manifester », pas « démontrer » !
- Le fameux « impacter » : « Ce que tu m’as dit a impacté ma décision. » Ici, on frôle la contusion linguistique ! Si le substantif « impact » existe, il désigne le choc d’un projectile ou la trace laissée, point. Selon la rubrique « Dire, ne pas dire » de l’Académie française, ce terme ne s’emploie au figuré que pour parler d’un effet très violent. L’emploi courant comme synonyme de « conséquence », « résultat », « influence » ne tient pas la route. Préférez donc « avoir des conséquences », « influencer », etc. – même si, avouons-le, « impacter » et « avoir des conséquences » n’ont pas tout à fait la même saveur…
- Le verbe « supporter » : « Je supporte cette équipe depuis des années. » « Tu ne vas pas supporter ce candidat, quand même ? » Danger ! En bon français, on « soutient » ou on « encourage » une équipe ou un candidat, on lui apporte son appui. « Supporter » comme « to support » ne convient pas pour parler de sport ou de compétition.
Pourquoi retomber dans le piège ?
Face à la tentation de céder à ces faux amis, un brin d’effort s’impose. La langue française regorge de subtilités et de solutions équivalentes. Que l’on soit victime ou non de la mode des anglicismes, il n’est jamais inutile de réviser ses classiques pour ne pas passer du côté obscur… de l’erreur grammaticale.
- Avant d’écrire ou de parler, se demander si le mot utilisé a un véritable passeport français.
- Si le doute subsiste, le Trésor de la langue française et l’Académie française sont d’excellents guides pour éviter les faux pas… ou les chocs d’impact inopinés !
L’art de (bien) choisir ses mots
En conclusion, ne tombons pas dans le piège de l’anglicisme facile. À nous de parier sur la richesse de notre langue, même au prix d’un petit effort – ou d’une franche question à son dictionnaire préféré. Oublions « performer », « impacter », « supporter » et consorts pour retrouver le plaisir d’un mot français bien senti. Parfois, il suffit d’un rien… et d’un brin d’attention. Les classiques n’attendent que nous !
