Être une « fashion victim », c’est être victime d’un virus aux mutations perpétuelles, soudaines et pouvant se traduire par une liste de symptômes vertigineuse. La mode… Pas facile de s’y retrouver, d’anticiper les prochaines tendances… carré court ? pattes d’eph’ ?… Quelle sera la prochaine vague ?
Le confinement. Aussi inattendue qu’inhabituelle, cette période nous a tous plongés en immersion dans notre chez-nous où nous avons pu redécouvrir certains fonds de placards inexplorés depuis des lustres. Entre deux activités manuelles repérées et épinglées sur Pinterest depuis 2018 que nous avons enfin pu expérimenter avec les enfants, quelques recettes audacieuses que nous avons osé tenter, les tables de multiplication à réviser et les inlassables promenades avec notre compagnon de toujours nommé Dyson, ces deux mois entiers nous ont aussi permis de faire le grand saut dans les abysses de notre dressing. Définitivement, le confinement a été le moment de faire du tri, de se débarrasser enfin de ces vêtements peu portés (voir même jamais, reconnaissons-le), de mettre de l’ordre dans nos affaires et par conséquence un peu dans nos esprits… D’accord, mais comment procéder et par où commencer ?
Marie Kondo, « home organiser » nippone spécialisée en désencombrement, a pour habitude d’indiquer qu’il faut entreposer l’ensemble de ses tenues sur son lit pour pouvoir procéder à un tri selon certains critères : la fréquence à laquelle on les porte, le bien-être qu’ils nous procurent en les portant ou encore leur qualité. On les regroupe alors pour ne garder que la substantifique moelle de notre garde-robe. En passant au crible cette méthode qui semble aussi simple qu’efficace, force a été de constater que les résultats obtenus n’ont pas été pas tout à fait ceux escomptés…
Je vous explique. Etape numéro 1 : regrouper l’ensemble de ses habits sur son lit = avortée au bout de 3 minutes. Est-ce réellement judicieux de se laisser submerger par un tsunami de textile, et de patauger en quelques minutes au milieu d’un océan de jupes, pantalons et débardeurs échoués dans le couloir attenant ? Néanmoins, cela m’a bien confirmé que cette idée de se séparer d’une partie de toutes ces fripes n’était pas si saugrenue… L’approche par type de pièces me semble alors plus accessible. Essayons.
Première pièce : c’est un cadeau et je ne veux pas trop m’en séparer. Sauf que je ne l’ai jamais porté… Et que dit Marie dans ce cas-là ? Réponse : rien, ça ne rentre pas dans les cases… ça commence bien. Je repense alors à une jupe perdue de vue depuis plusieurs années qui aurait été parfaite pour l’été à venir. Impossible de remettre la main dessus, et pour cause… je m’en suis séparée il y a un an ou deux. Mais quelle idée !
Continuons. Encore une jupe. Elle est belle mais parait tellement hors d’âge que même si on me payait je ne suis pas sûre que je sortirais avec ! Ni la coupe ni la longueur ne ressemblent de près ou de loin à quoi que ce soit d’observé publiquement depuis très longtemps. Direction la pile « à donner ou à vendre ». Et c’est à ce moment précis qu’est survenu le drame, le chaos, le trou noir… Je réalise être sur le point de me séparer d’un vêtement que j’aimais mais que je n’imaginais plus vraiment porté, alors que quelques minutes auparavant j’en recherchais un autre abandonné que jamais, ô grand jamais, j’aurai cru vouloir remettre un jour… Il n’y avait pas comme un problème là ?
Si chaque pièce peut potentiellement redevenir LA pièce incontournable de notre look un jour ou l’autre, pourquoi se débarrasser des vêtements que l’on ne porte pas et qui nous encombrent ? Ainsi, les méandres de la mode et ses déferlantes portées par la fast-fashion accessible à chaque coin de rue ou en quelques clics, les réseaux sociaux, les box en ligne ou autres vide-dressings entre copines nous donnent le tournis… Alors comment s’organiser ? Quel protocole suivre pour réussir à cohabiter le plus sereinement possible avec cette pandémie mondiale qu’est la mode ?
Mais d’ailleurs, la mode, à quoi sert-elle ? Quel est son but au-delà de toute considération commerciale ? Ne faudrait-il pas commencer par se questionner sur ce que l’on cherche à travers elle pour enfin trouver une marche à suivre ? A travers la mode, on aspire toutes à trouver une allure qui nous corresponde et qui nous aide à nous sentir à l’aise et épanouies. Glaner ici et là des pièces pour se sentir avant tout bien dans ses baskets, telle serait la clé pour trouver l’image qui nous convient le mieux. Alors même si ce jean à la coupe oubliée des magazines est celui dans lequel on se sent belle, pourquoi ne pas -pour une fois- se simplifier la vie, s’affranchir des diktats et privilégier notre bien-être ? Et qui sait, un jour peut-être, et sans doute plus vite qu’on ne le pense, ce jean à la coupe improbable redeviendra le must have de toutes les fashionistas.