Au début, c’était presque sympa, ce petit côté collé-serré en famille. « Regarde comme c’est merveilleux, cette occasion de nous retrouver en vase clos, ce temps à passer tous ensemble », déclamais-je à qui voulais l’entendre, entre la cuisine et le salon (pièces qui allaient devenir mon unique décor pour la prochaine année).
Sauf que j’ai déchanté assez vite. (À la première dispute entre mes deux enfants, soit environ cinq minutes après l’allocution présidentielle). Car j’avais sous estimé un point essentiel : pour qu’il y ait égalité et fraternité au sein du foyer, il faut qu’il y ait liberté. Et en l’occurrence, la mienne.
Or, ces derniers mois, il m’a fallu faire, comme toutes les mères de mon espèce, une croix sur bien des dérivatifs. Le resto en amoureux, le verre avec les collègues, le ciné avec une copine, le théâtre avec ma sœur, la séance à la salle de sport, j’en passe et des meilleurs. Ces dérivatifs qui me permettent aussi de mieux apprécier le reste, à savoir ma vie de famille.
Alors, pendant que le nombre d’états dépressifs ne cessait d’augmenter et que la prescription d’anxiolytiques se voyait décuplée, j’ai listé les différentes choses qui me permettaient de me préserver. Voici donc, résumées en quelques mots, mes soupapes de décompression pour faire face à cette situation “particulière”, pour laquelle nous n’avons pas signé…
Courir
Non pas que j’aime particulièrement le footing, et encore moins l’idée de “faire un chrono”. Mais je me suis rendu compte que plus longtemps je courais, plus je m’éloignais de la maison. Exactement ce qu’il me fallait. J’en reviens, certes transpirante et essoufflée, mais pleine d’endorphines et régénérée. Prêt, feu, et surtout partez.
Prendre un bain et fermer la porte à clé
Je ne connais pas de meilleur combo que celui eau chaude-mousse-magazine (à ce propos, tu connais Cocottes magazine !?) pour me faire me sentir très très loin de l’actualité anxiogène crachée par BFM TV. Et cela, loin des cris de ma progéniture (si, si, avec les oreilles immergées, ça marche, je te promets).
Lire ou regarder un film
Tout ce qui me permet de voyager par l’esprit est bon à prendre. Faute de voyager pour de vrai. Heureusement qu’il nous reste cette possibilité de nous évader, le temps d’une série ou d’un bon roman. « Par la force de l’imagination, on peut dépasser un certain nombre d’enfermements dans lequel on est contraint », disait récemment Leïla Slimani au micro d’Augustin Trapenard. Imaginons. Dépassons. So 2021.
Échanger avec ses copines
Certes, on ne peut plus les retrouver pour un mojito, leur rendre visite après 18h, et surtout les voir sans leur marmaille dans leur salon. Mais on peut échanger des milliers de messages vocaux sur WhatsApp, de SMS, de mails, les appeler… bref on peut continuer à communiquer. Heureusement que le variant britannique n’a pas devancé la technologie 2.0, c’est moi qui te le dis.
Suivre des comptes déculpabilisants sur Instagram
C’est sûrement un peu égoïste, mais j’aime l’idée de savoir que d’autres en bavent autant que moi. Alors, j’ai arrêté de suivre le compte de la mère qui en est à la quatrième activité manuelle de la journée et à sa troisième fournée de cookies à dix heures du matin. J’ai aussi arrêté de suivre celle qui se vante d’avoir ses enfants qui viennent seulement de se lever à dix heures du matin. « Alors qui est-ce que je follow?” me demandes-tu judicieusement. Eh bien, @haut_les_nains, par exemple (placement de produit numéro 2).
Écrire
Poser des mots sur mes maux. Je n’ai encore rien trouvé de mieux pour les voir s’éloigner. Peut-être que ton truc à toi, c’est de danser, de chanter ou de dessiner. Bref, choisis un exutoire pour évacuer, quel qu’il soit (sauf tes enfants et ton mec, rappelons que l’objectif de cet article est de se -et par extension les- épargner). La preuve, s’il t’en faut, que ça marche ? En mettant un point final à cet article, je me sens déjà mieux.